BARGIP

Programme pour l'amélioration des connaissance sur les populations de bar en Atlantique nord-est

Mots-clés : Mots clés : bar, évaluation des stocks, zones fonctionnelles, amélioration des connaissances

Contexte

Le Bar en France

Le bar est aujourd’hui l’une des espèces les plus importantes du point de vue économique : tant pour la pêche professionnelle française (4 200 tonnes/an) que pour la pêche de loisir (environ 3 000 tonnes/an, première espèce cible des 1,3 millions de pêcheurs récréatifs).

Les évaluations scientifiques du CIEM* font état d’un début de surexploitation dans certains secteurs de l’Atlantique Nord Est et d’une baisse inquiétante du renouvellement du stock depuis plusieurs années.

 

                                                                                                                          Crédits : IFREMER

Le CIEM relève également un manque de connaissances scientifiques. Actuellement, des réflexions sont en cours au niveau communautaire afin de proposer des mesures de gestion.

Mettre en place des programmes de recherche pour mieux connaître le bar est une priorité pour la profession.

*Conseil International pour l’Exploration de la Mer ; commission regroupant des scientifiques indépendants en charge d’évaluer l’état des stocks de poissons et de fournir des avis destinés notamment à la Commission européenne.

Objectifs

  • Etudier l’existence d’un seul ou plusieurs stocks de bar commun dans les eaux de l’Atlantique Nord Est.
  • Decrire et positionner des grandes zones fonctionnelles du bar (frayères, zones de développement des juvéniles, zones d’engraissement des adultes…) et les principales voies de migration entre ces zones.
  • Etudier l’existence ou non de différences biologiques et physiologiques marquées entre le nord et le sud de la zone Manche-Atlantique (croissance, âge de première reproduction, période de ponte).

Méthodologie

Données halieutiques professionnelles

Objectifs : produire des données et connaissances permettant d’améliorer les évaluations des stocks de bar.

  • Utilisation des données de captures professionnelles françaises afin de produire des indices annuels d’abondance pouvant refléter l’état des stocks.

Deux méthodes sont testées. Dans la première, l’idée est de pouvoir dégager un signal d’abondance à partir d’une sélection de navires qui pêcheraient « aléatoirement » du bar. Ont donc été retenus des chalutiers de fond ne ciblant pas le bar. Après construction d’indices avec cette méthode, cette dernière ne sembla pas la bonne option à prendre.
Une deuxième méthode traiterait l’ensemble des navires, quels que soient les métiers utilisés, par l’analyse des log books et des fiches de pêche de 2000 à 2014.

  • Acquisition de données biologiques (maturité sexuelle principalement) sur le bar dans le golfe de Gascogne.

Tout au long de l’année en 2014, 1402 bars ont été achetés sur 3 zones (Ciboure, la Rochelle, Quiberon) en ciblant les mois autour de la période de reproduction, et les rapports gonado somatique (poids gonade/poids total de l’individu) sont analysés.

Les gonades sont analysées selon une grille de maturité (de stade 1 : immature à stade 7 : ayant pondu). Les résultats obtenus sont validés microscopiquement.
L’objectif est de valider les stades 4, 5, 6, 7 comme étant les stades correspondant aux individus participant à la reproduction puis de déterminer une taille à première maturité pour laquelle 50% des femelles sont matures.

Marquage à grande échelle

Pour identifier les stratégies migratoires des bars et les sous-populations associées sur les côtes françaises de l’Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord, le marquage de 1 200 bars adultes est programmé sur 8 sites différents.
Les bars sont marqués par les scientifiques lors de campagnes réalisées en partenariat avec des pêcheurs professionnels puis relâchés vivants.

2 types de marques sont mises en place :

  • Une marque externe avec numéro d’identification et adresse de l’Ifremer.
  • Une marque électronique, dite archive, est parfois insérée dans la cavité abdominale du poisson.

Elle enregistre la pression et la température, ce qui permet de retracer le chemin parcouru par le bar jusqu’à sa recapture. Lors d’une recapture et après transmission de la marque à Ifremer, les données sont récoltées et analysées par les scientifiques.
L’un des objectifs principaux de cette action est de distinguer d’éventuelles sous-populations, c’est-à-dire différents stocks.


Schéma du positionnement des marques.
Source : BARGIP – Ifremer


Carte des zones de marquage des bars et affiche de sensibilisation du grand public.
Source : BARGIP – Ifremer

Nourriceries

Cette action vise à mettre au point un protocole de suivi de quelques nourriceries françaises (zones où les juvéniles de bars se développent durant les 2-3 premières années de leur vie) réparties le long de nos côtes, de façon à produire des indices d’abondance fiables et à développer les connaissances sur les plus jeunes stades de cette espèce.

Petit chalut pélagique expérimental testé en 2013 dans l’estuaire de l’Aulne en rade de Brest.
Source : BARGIP – Ifremer

Les objectifs sont de :

  • mettre au point un protocole d’échantillonnage adapté aux juvéniles de bar et à la production d’indices annuels d’abondance,
  • vérifier si les données déjà acquises par ailleurs (suivis halieutiques de l’Ifremer ou de la DCE, autres données) dans les zones de nourriceries permettraient à elles seules, ou en complément d’un suivi dédié, d’établir des indices d’abondance annuels robustes.
  • proposer le cas échéant un réseau couvrant les façades maritimes françaises pour produire un (des) indice(s) annuel(s) d’abondance permettant de compléter la campagne de nourricerie dans le Solent (réalisée par les scientifique anglais, sur les côtes anglaises de la Manche) et d’affiner les mesures de gestion du ou des stocks d’adultes en fonction des prévisions de recrutement à courts termes (3-5 ans).

Retrouvez toutes les informations concernant le projet BARGIP sur le site dédié de l’Ifremer.

Résultats

Données halieutiques professionnelles

1/ Indices d’abondance

Les résultats de l’étude d’abondance révèlent 2 aires majeures de reproduction (Nord Ouest de la Manche et Sud Golfe de Gascogne)

  • En Manche et mer du Nord, l’abondance apparente augmente progressivement entre Octobre et Décembre en suivant un mouvement d’est en Ouest. Des rectangles montrant une forte abondance et qui préfigurent les aires de reproduction. Une forte baisse des abondances à partir de mars dans l’ouest.
  • Dans le golfe de Gascogne, l’abondance apparente augmente autour des latitudes correspondant plateau de Rochebonne (rectangle statistique 21) entre octobre et novembre puis devient très forte au niveau des côtes landaises (dans le sud des 21E) ce qui préfigure les aires de reproduction. L’abondance apparente diminue plus vite que dans la Manche

Cartographie des indices d’abondance par rectangle statistique
Source : BARGIP – Ifremer

 

Cela révèle un lien probable entre la mer du Nord et la Manche. En revanche aucune conclusion n’est possible entre le golfe de Gascogne et la mer Celtique: l’analyse des rectangles pointe bretonne ne fournit pas d’information corrélées avec le Golfe ni avec la Manche. Elle laisse suggérer l’existence de frayères « locales » en lien avec les nourriceries locales voisines.
Ces résultats seront à mettre en relation avec les études de marquage.

2/ Données biologiques de maturité sexuelle

La série de graphique ci dessous permet indique les résultats des analyses du rapport gonado somatique (poids des gonades/poids de l’individu). Le premier graphique établit le début de la maturité sexuelle des femelles aux environs de 36 cm.

Rapport gonado somatique de l’ensemble des femelles échantillonnées 

Source : BARGIP – Ifremer

 

L’analyse des rapports gonado somatique (poids gonade/poids total de l’individu) a permis de cibler les mois durant lesquels la production de l’ogive de maturité peut être effectuée (Janvier-Avril).

Rapport gonado somatique mensuel de l’ensemble des individus échantillonnés
Source : BARGIP – Ifremer

 

Les gonades sont analysées selon une grille de maturité (de stade 1 : immature à stade 7 : ayant pondu). Les résultats obtenus sont validés microscopiquement.

La distribution des individus mature est testée selon un modèle (modèle de Pearson) qui permet de valider les hypothèses de stade de reproduction.

Modélisation de la dispersion des individus maturité/taille.
Source : BARGIP – Ifremer

 

Ces résultats préliminaires indiquent une taille à laquelle 50% des femelles seraient matures de l’ordre de 42-43 cm.
Ce résultat permet de fixer un ordre de grandeur sur la zone et de conclure qu’il n’y aurait pas de différence notoire avec le stock Nord, si l’on se réfère aux études de Pawson et Pickett.

Marquage

Au 1er juin 2016, 984 bar avaient été relâchés avec des marques, et 194 avaient été recapturés, soit un taux de recapture d’un peu moins de 20%, pour moitié par des pêcheurs professionnels.

Les données de températures et de pression contenues dans les marques sont recoupées avec un certain nombre d’informations, notamment lieu et date de relargage et de recapture, cartes de températures de surface et thermoclines. Ces données permettent de retracer les mouvements apparents des bar pendant la durée de remise en liberté, mais également d’appréhender la raison de la mort de l’individu.

Quelques premières conclusions peuvent être tirées :

  • Il semble qu’il y ait peu de mouvements apparents pour une grande majorité des recaptures.
  • La dispersion parait plus importante pendant l’hiver (migrations génésiques), ce qui amène 2 hypothèses (non mutuellement exclusives):
    – populations résidentes
    – populations migratrices avec fidélité estivale
  • Peu d’échanges semblent s’est réalisés entre Manche et Atlantique

Nourriceries

Sur cette action, l’année 2015 a été consacrée à la validation d’un protocole d’échantillonnage : engin (chalut spécifique), zones estuariennes (rade de Brest, Loire), nombre de traits…etc.

Les résultats de cette actions seront disponibles en 2017.

Thématique du projet

Connaissance des ressources et des écosystèmes

Statut du projet

Terminé : 01/01/2013 - 01/01/2017

Zones

Golfe de Gascogne, Mer du Nord, Manche et mers celtiques

Localisation

France

Espèce

Bar

Porteur du projet

IFREMERIFREMER

Partenaire

CNPMEMCNPMEM

Financeurs

Ministère de l'Agriculture et de l'AlimentationMinistère de l'Agriculture et de l'Alimentation

France Filière PêcheFrance Filière Pêche

Ministère de la transition écologique

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