BARGIP DONNEES

Programme pour l'amélioration des connaissance sur les populations de bar en Atlantique nord-est. Synthèse des résultats de l'action "données"

Mots-clés : bar, amélioration des connaissance, données captures, indices annuels d'abondance, acquisition de données biologiques

Contexte

Bargip est un projet national de recherche sur le bar européen (Dicentrarchus labrax) lancé en 2014 en partenariat entre le Ministère en charge de l’environnement et de la pêche, le Comité national des pêches maritimes et élevages marins, France Filière Pêche et l’Ifremer.

Il se constitue de trois volets : étude des données professionnelles, marquages et nourriceries

Des diagnostics sur l’évolution des ressources et de leur exploitation ainsi que des recommandations pour la gestion (les « avis ») sont réalisés par le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM). Ces avis sont adressés à la Commission européenne qui propose des mesures de gestion aux gouvernements des états membres avec pour objectif l’exploitation durable des ressources. Deux indicateurs principaux sont pris en compte : la mortalité par pêche, qui donne une estimation de la pression que la pêche fait subir à un stock et la biomasse de reproducteurs qui mesure la capacité d’un stock à se reproduire.  Dans le cas du bar, afin d’améliorer l’estimation de ces deux indicateurs par les modèles d’évaluation et de produire des avis les plus fiables possibles, es indices d’abondance ont été calculés à partir des déclarations des pêcheurs professionnels et de données biologiques acquises par le projet

L’action a eu pour objectif de produire des données et connaissances permettant de paramétrer les modèles halieutiques d’évaluation des stocks de bar, et notamment de réussir à tester une évaluation en catégorie 11 du stock « golfe de Gascogne ».

Objectifs

  • Produire des données et connaissances sur le bar susceptibles de contribuer aux diagnostics et recommandations du Conseil International pour l' Exploration de la Mer (CIEM) relatifs à la gestion de l'espère par l'Union européenne en Atlantique du Nord-Est􀄐􀄞 par 􀅯􀍛􀁨􀅶􀅝􀅽􀅶􀀃􀄞􀆵􀆌􀅽􀆉􀄠􀄞􀅶􀅶􀄞􀀃en Atlantique du Nord-Est
  • Tester une évaluation en catégorie 1 du stock « golfe de Gascogne »

Méthodologie

Pour cela l’action a compris deux grands volets :

  • Utilisation des données de captures professionnelles françaises afin de produire des indices annuels d’abondance pouvant refléter l’état des stocks.

Deux méthodes sont testées. Dans la première, l’idée est de pouvoir dégager un signal d’abondance à partir d’une sélection de navires qui pêcheraient « aléatoirement » du bar. Ont donc été retenus des chalutiers de fond ne ciblant pas le bar. Après construction d’indices avec cette méthode, cette dernière ne sembla pas la bonne option à prendre.
Une deuxième méthode traiterait l’ensemble des navires, quels que soient les métiers utilisés, par l’analyse des log books et des fiches de pêche de 2000 à 2014.

  • Acquisition de données biologiques (maturité sexuelle principalement) sur le bar dans le golfe de Gascogne.

Tout au long de l’année en 2014, 1402 bars ont été achetés sur 3 zones (Ciboure, la Rochelle, Quiberon) en ciblant les mois autour de la période de reproduction, et les rapports gonado somatique (poids gonade/poids total de l’individu) sont analysés.

Les gonades sont analysées selon une grille de maturité (de stade 1 : immature à stade 7 : ayant pondu). Les résultats obtenus sont validés microscopiquement.
L’objectif est de valider les stades 4, 5, 6, 7 comme étant les stades correspondant aux individus participant à la reproduction puis de déterminer une taille à première maturité pour laquelle 50% des femelles sont matures.

Résultats

Utiliser les données déclaratives des pêcheurs professionnels pour apporter des informations sur l’abondance de la ressource et sa spatialisation

Les données déclaratives des débarquements ont permis de calculer les rendements de l’ensemble des navires. Mais plus précisément, des analyses statistiques permettent d’extraire de l’ensemble de ces données de base le signal recherché (abondance) en éliminant/prenant en compte la variabilité liée à l’hétérogénéité des flottilles ainsi que les variations spatiales et temporelles. Le résultat de ces analyses est une série de débarquements par unité de l’effort (LPUE) dites standardisées qui sont considérées représentatives de l’évolution de l’abondance du stock.


Ainsi la question de départ de l’étude était la suivante : Peut-on calculer à partir des LPUE un indice d’abondance qui reflèterait l’état des stocks ? Au préalable il était nécessaire de comprendre la cohérence des LPUE entre des rectangles statistiques voisins et entre les périodes, afin de délimiter la zone à retenir pour calculer des indices interannuels. La question sous- jacente était d’apprécier la recevabilité des délimitations de stocks actuellement admises.

Les analyses exploratoires montrent qu’il est possible d’obtenir des éléments sur la structuration des stocks en cartographiant les LPUE standardisées mensuelles par rectangle statistique. Deux aires majeures de concentration ressortent des résultats : le nord-ouest de la Manche (en février-mars) et le sud du golfe de Gascogne (décembre à février).

En Manche, l’abondance apparente augmente en octobre à décembre en suivant un mouvement d’est en ouest. Des rectangles montrant une forte abondance en janvier, février et mars illustrent des aires de reproduction. Une forte baisse des abondances à partir d’avril est observée dans l’ouest de la Manche, indiquant la fin des concentrations liées à la reproduction
Dans le golfe de Gascogne, l’abondance apparente augmente en octobre et novembre, puis elle devient très forte dans le sud en décembre, janvier et février, illustrant la présence d’aires de reproduction dans cette zone. Ensuite sur l’ensemble du golfe, l’abondance apparente diminue plus vite que dans la Manche.
Si le bar du sud de la Mer du Nord est très vraisemblablement une composante du stock de Manche, les relations entre la Manche, la mer Celtique et les zones adjacentes ne peuvent pas être discutées sur la base de ce type d’information.
Une analyse menée sur les rectangles côtiers autour de la Bretagne ne suggère pas de lien entre ces zones côtières et les deux grandes aires de la Manche et du golfe de Gascogne. Ces zones pourraient héberger des frayères locales alimentant les nourriceries côtières de la Bretagne (qui apparaîtrait alors comme une zone de mélange pour les populations de bar).
Dans l’état actuel des connaissances, il semble raisonnable de calculer des indices d’abondance annuels sur l’ensemble du stock du golfe de Gascogne délimité au nord par le 48e parallèle. Ceux-ci ont été considérés comme permettant une bonne approximation de l’évolution de la biomasse et sont utilisés pour établir les avis du CIEM.

Acquérir des données biologiques

Ogive de maturité
Les paramètres biologiques, en particulier la maturité sexuelle, sont nécessaires au suivi de l’évaluation des populations de poissons. Connaître la taille et l’âge d’acquisition de la maturité sexuelle permet de distinguer les poissons immatures (ne pouvant pas encore se reproduire) des poissons matures sexuellement. On peut ainsi quantifier la biomasse féconde d’un stock de poissons présents en mer (indicateur qui permet d’évaluer la bonne santé du stock de poissons).
La connaissance de la taille de maturité sexuelle permet, quant à elle, de proposer une modification des pratiques de pêche pour adapter les tailles de captures afin d’assurer le renouvellement du stock en permettant au poisson de se reproduire au moins une fois.
Dans le cadre du projet Bargip, 1400 bars ont été achetés entre 2014 et 2015 sur l’ensemble du golfe de Gascogne pour analyser leur stade de maturité. La détermination des stades de maturité des gonades d’après une grille d’identification a montré que 50 % des femelles sont matures à 42,1 cm dans le golfe de Gascogne (S’agissant d’une moyenne, cela signifie que certaines femelles sont susceptibles de se reproduire avant cette taille, alors que d’autres seulement après).
La taille moyenne à maturité aux alentours de 42 cm dans le golfe de Gascogne ne présente pas de différence avec celle observée dans la Manche.

Courbe de croissance
La croissance moyenne individuelle des espèces exploitées constitue également une donnée de base pour l’étude de la dynamique de population. Sa connaissance permet une meilleure compréhension de l’évolution des stocks en fonction des modifications apportées à leur exploitation.

Le traitement de l’ensemble de données taille-âge collectés en routine à l’Ifremer et celles complémentaires, collectées dans le cadre du projet Bargip Nourriceries (notamment relatives aux petits individus), ont permis de proposer une courbe de croissance du bar dans le golfe de Gascogne. 5200 bars ont ainsi été âgés à partir des stries annuelles de croissance présentes sur leurs écailles. La croissance apparaît légèrement plus rapide dans le golfe de Gascogne que dans la Manche/Mer du Nord. Le gradient de température est connu pour expliquer en grande partie ces différences observées. A titre d’exemple un bar de 5 ans dans le golfe de Gascogne mesure en moyenne 40 cm contre 35 cm en Manche.

Conclusion

Les résultats obtenus au cours des trois années du projet ont permis de mettre en place un atelier méthodologique (WKBASS) au CIEM pour tester un modèle d’évaluation quantitatif (catégorie 1 du CIEM) de la zone du golfe de Gascogne.
L’ensemble des données a été validé pour son utilisation (à noter que les indices sont actuellement utilisés seuls comme indicateur de l’évolution de la biomasse pour l’avis CIEM 2017, en catégorie 3).
Le WKBASS est toujours en cours afin de s’accorder sur la finalisation d’un modèle d’évaluation complet adapté à la zone. Il s’achèvera en mars 2018 : ses conclusions seront présentées au groupe d’évaluation WGBIE du CIEM pour rendre l’avis 2018 sur le stock le plus fiable possible.

Thématique du projet

Connaissance des ressources et des écosystèmes

Statut du projet

Terminé : 01/10/2013 - 31/12/2017

Zone

Golfe de Gascogne

Espèce

Bar

Porteur du projet

IFREMERIFREMER

Partenaire

CNPMEMCNPMEM

Financeurs

IFREMERIFREMER

France Filière PêcheFrance Filière Pêche

Ministère de l'Agriculture et de l'AlimentationMinistère de l'Agriculture et de l'Alimentation

Ministère de la transition écologique