BARGIP MARQUAGE

Programme pour l'amélioration des connaissance sur les populations de bar en Atlantique nord-est. Synthèse des résultats de l'action "marquage"

Mots-clés : bar, évaluation des stocks, cycle de vie, zones fonctionnelles, amélioration des connaissances, marquage électronique

Contexte

Bargip est un projet national de recherches sur le bar européen (Dicentrarchus labrax) lancé en 2014 en partenariat entre le Ministère en charge de l’Environnement et de la Pêche, le Comité National des Pêches Maritimes et Élevages Marins, France Filière Pêche et l’Ifremer.

Il se constitue de trois volets : étude des données professionnelles, marquages et nourriceries

L’objectif de Bargip était de produire des données et des nouvelles connaissances sur le bar permettant aux experts du Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) d’améliorer l’évaluation de l’état des stocks et de proposer à l’Union européenne des mesures de gestion de l’espèce adaptées pour la zone en Atlantique Nord-Est (hors Méditerranée). L’une des actions prioritaires de Bargip a porté sur le marquage électronique d’adultes de bars. Ainsi, entre 2014 et 2016, 1220 bars ont été marqués afin de mieux comprendre la structure de la population par l’analyse des comportements migratoires

 

Le cycle de vie du Bar

Les bars se reproduisent en hiver, en formant des agrégations sur les frayères, généralement situées au large. Les oeufs et larves dérivent vers les zones côtières où les juvéniles vont grandir au sein de nourriceries principalement estuariennes, dans lesquelles ils se développeront pendant les 3 premières années de leur vie. Les juvéniles les plus âgés gagnent alors les zones d’alimentation côtières également colonisées par les adultes à la belle saison (entre mai et novembre). Les bars deviennent adultes à un âge compris entre 3 et 7 ans selon les sexes et les individus.

 

 

Objectifs

  • Comprendre la structure de la population par l’analyse des comportements migratoires

Méthodologie

Pour identifier les stratégies migratoires des bars et les sous-populations associées sur les côtes françaises de l’Atlantique, de la Manche et de la Mer du Nord, le marquage de 1 200 bars adultes est programmé sur 8 sites différents.
Les bars sont marqués par les scientifiques lors de campagnes réalisées en partenariat avec des pêcheurs professionnels puis relâchés vivants.

Les bars marqués peuvent être identifiés grâce à :

  • Une marque électronique, dans la cavité abdominale du poisson libellée par un numéro d’identification et des contacts Ifremer. Cette marque électronique est équipée d’une flottabilité qui lui permet de dériver si elle est perdue par le poisson (mortalité naturelle ou non). Les marques échouées sur le rivage contiennent potentiellement des informations précieuses et doivent être également retournées.
  • Une marque externe de couleur rose en arrière de la première nageoire dorsale libellée quel qu’en soit le type par un numéro d’identification et un contact avec l’Ifremer.
  • La présence de tâches bleues sur la face ventrale en avant des nageoires pectorales
  • La présence d’une cicatrice sur la face ventrale

A noter que les 3 derniers critères d’identification peuvent être atténués ou avoir disparu si le poisson est resté longtemps en liberté après son marquage.

Le marquage permet d’enregistrer la pression et la température, ce qui permet de retracer le chemin parcouru par le bar jusqu’à sa recapture. Lors d’une recapture et après transmission de la marque à Ifremer, les données sont récoltées et analysées par les scientifiques.
L’un des objectifs principaux de cette action est de distinguer d’éventuelles sous-populations, c’est-à-dire différents stocks.

 

Dix opérations de marquage électronique d’adultes pour mieux comprendre la structure spatio-temporelle de la population.

La population de bars du nord est Atlantique est actuellement considérée comme étant constituée de quatre stocks indépendants :
– Le stock « Ouest Irlande » (en vert ci-contre),
– Le stock « mers Celtiques » (en orange), comprenant la Mer Celtique, la Manche et le sud de la mer du Nord, géré par le CIEM,
– Le stock « golfe de Gascogne » (en rouge) qui s’étend de la Baie d’Audierne (48ème parallèle) à la frontière espagnole, également géré par le CIEM,
– Le stock de la « péninsule ibérique » (en jaune).

Les limites géographiques de ces stocks ont été définies à partir de considérations pragmatiques sans nécessairement correspondre à une réalité biologique ce qui s’avère problématique pour une évaluation fiable de la ressource. L’objectif de l’action marquage était donc d’améliorer les connaissances sur ce sujet en étudiant les migrations d’adultes entre frayères, fréquentées en hiver, et zones d’alimentation côtières, fréquentées du printemps à l’automne.

Dix campagnes de marquage ont été réalisées à partir de 8 sites répartis de la frontière belge (Dunkerque) à la frontière espagnole (Capbreton).

 

Résultats

Les poissons marqués dont le temps de liberté aura été le plus long avant recapture fournissent les données les plus intéressantes concernant la question de la structuration spatio-temporelle de la population à fine échelle. Ces données ont permis d’aborder les questions suivantes : quelles sont les principales stratégies de migration ? Existe-t-il des comportements de fidélité sur les zones d’alimentation ? Sur les zones de reproduction ? De tels comportements, mis en évidence lors d’une étude menée en mer d’Iroise en 2010, 2011 et 2012, sont susceptibles, s’ils se produisent à grande échelle, de structurer la population.
Mais comment reconstruit-on les trajectoires des poissons à partir des données de température et profondeur enregistrées à haute fréquence par les marques électroniques ? Cette question a donné lieu au développement d’un modèle de géolocalisation qui compare au jour le jour les données de la marque avec les données de champs de référence (température de surface issues de données satellitaires, température de fond issues du modèle hydrodynamique MARS3D, bathymétrie) et prédit ainsi la position du poisson sur un pas de temps journalier. Ce modèle permet donc la reconstruction de trajectoires.

La reconstruction de 211 trajectoires de bars marqués dont la marque a été récupérée permet de dégager les éléments suivants :

  1. Les bars montrent des comportements différents : tous ne migrent pas pour la reproduction. Certains sont « résidents ». Ce comportement est observé par exemple sur certains des poissons marqués à La Turballe et sur de nombreux poissons marqués à Capbreton.
  2. Le comportement de fidélité aux sites d’alimentation (estivale) et de reproduction (hivernale) est observé à large échelle et sur tous les sites opérés pendant le projet.
  3. Pour un même site, on peut observer différentes stratégies de migration. Par exemple, les poissons marqués à Audierne ou Saint Quay-Portrieux en été ont des stratégies migratoires hivernales soit vers le sud (« stock » Golfe de Gascogne) soit vers l’ouest/nord-ouest (« stock » nord) ou sont résidents. Ces observations suggèrent fortement que ces zones sont des zones de mélange de sous populations (et donc zones de mélange de « stocks » du point de vue de la gestion).

La synthèse des stratégies de migration saisonnières de la population de bars sur les façades Manche/Atlantique est la suivante :

  • Dunkerque : migration au sein du « stock » nord.
  • Port en Bessin et St Vaast la Hougue : migration au sein du « stock » nord.
  • St Malo et St Quay-Portrieux : différentes stratégies de migration ; soit vers le sud (« stock » Gascogne), soit vers l’ouest/nord-ouest (« stock » nord), soit résident.
  • Ouessant, Audierne et Raz de Sein (transition entre les 2 « stocks » CIEM) : différentes stratégies de migration ; soit vers le sud (« stock » Gascogne), soit vers l’ouest/nord-ouest (« stock » nord), soit résident.
  • Pornichet, la Turballe et Noirmoutier : différentes stratégies de migration ; soit vers le large (« stock » Gascogne), soit résident.
  • Oléron : différentes stratégies de migration ; soit vers le large (« stock » Gascogne), soit résident
  • Capbreton : différentes stratégies de migration ; soit vers le large (« stock » Gascogne), soit vers l’ouest (« stock » Ibérique), soit résident.

Conclusion

L’action marquage est un réel succès au vu du très bon taux de récupération des marques. Elle a permis d’établir pour la première fois une synthèse des stratégies de migration de la population de bars sur les façades Manche/Atlantique. Cependant cette synthèse garde un caractère provisoire, le modèle de géolocalisation nécessitant encore quelques améliorations et des retours de marques étant toujours enregistrés. Il parait cependant fort improbable que les grandes tendances soient remises cause par les analyses à venir.
Ces résultats, notamment ceux relatifs aux zones de mélange de sous populations, sont susceptibles de modifier la vision actuelle du fonctionnement des « stocks » par le CIEM.

Thématique du projet

Connaissance des ressources et des écosystèmes

Statut du projet

Terminé : 01/10/2013 - 31/12/2019

Zones

Golfe de Gascogne, Manche et mers celtiques, Mer du Nord

Espèce

Bar

Porteur du projet

IFREMERIFREMER

Partenaire

CNPMEMCNPMEM

Financeurs

IFREMERIFREMER

France Filière PêcheFrance Filière Pêche

Ministère de la transition écologique

Ministère de l'Agriculture et de l'AlimentationMinistère de l'Agriculture et de l'Alimentation