M&M’s Comprendre l'évolution du régime alimentaire du merlu et du merlan

Comparaison de la qualité nutritionnelle des proies du Merlu & du Merlan au cours du tempS

Résumé du projet

La taille à l’âge, le poids à l’âge ainsi que la condition de plusieurs espèces pélagiques ont diminué durant les dernières décennies. Les pêcheurs rapportent que de tels phénomènes sont observés sur d’autres espèces, comme le merlan ou le merlu. Le projet M&M’s propose d’étudier l’évolution temporelle de la qualité nutritionnelle des proies ingérées par ces deux espèces pour déterminer si une modification de cette qualité pourrait être à l’origine des diminutions de taille et de poids observées par les professionnels. Les proies seront collectées en golfe de Gascogne et mer Celtique sur la campagne scientifique EVHOE.

La condition des proies de merlu et merlan ayant déjà été étudiée il y a une vingtaine d’année, nous pourrons faire un comparatif sur une échelle de temps intéressante. En parallèle du projet M&M’s, la thèse de Morgane Amelot (MNHN/IFREMER) étudie l’évolution du régime alimentaire de ces espèces par le prisme des contenus stomacaux et des isotopes stables.

Contexte

En Méditerranée comme dans le Golfe de Gascogne, les dernières années ont vu la taille à l’âge, le poids à l’âge ainsi que la condition des sardines et anchois diminuer (Doray et al., 2018; Saraux et al., 2019; Véron et al., 2020). Par exemple, la sardine du golfe de Gascogne a perdu 3.5 cm pour l’âge 1 entre 2000 2015 et sa condition sur la même période a diminué de 15% (Bertrand et al., 2022). Les caractéristiques de la nourriture ingérée (qualité et quantité) sont bien souvent les facteurs qui influencent le plus ces indices, car cette nourriture leur permet d’extraire l’énergie dont ils ont besoin pour se développer (Brosset et al., 2015).

En plus des petits pélagiques planctonophages, le régime alimentaire d’autres espèces comme le merlu et le merlan évolue de façon rapide. Le projet FFP EATME, couplé à des données historiques de contenus stomacaux, montre ainsi qu’à l’échelle des 30 dernières années, ces espèces normalement piscivores ont changé leur régime alimentaire pour devenir omnivores et intégrer une part prépondérante de crustacés à leur régime alimentaire.

En parallèle de ces études scientifiques, les professionnels de la pêche constatent un amaigrissement des poissons. Dans le cadre de la thèse de Morgane Amelot, co-encadrée par le MNHN et l’IFREMER, le comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins du Finistère a sollicité les chercheurs de l’IFREMER pour étudier quels facteurs peuvent être à l’origine de cet amaigrissement. La thèse initialement déposée à FFP est actuellement financée par l’école doctorale du MNHN (ED 227) pour le salaire de la doctorante dont le sujet de thèse concerne la dynamique spatio-temporelle passée et future de la diversité fonctionnelle face au changement climatique. L’expérimentation souhaitée par la profession ne pourra figurer dans la thèse que si un financement complémentaire couvre le coût des analyses et des expérimentations.

Objectifs

L’objectif du projet est de comprendre pourquoi le merlu et le merlan ont changé la composition de leur régime alimentaire au cours du temps. L’hypothèse qui sera testée est une diminution de la qualité nutritionnelle de certaines de leurs proies. Pour cela, nous analyserons la qualité nutritionnelle des diverses proies qui constituent le régime alimentaire du merlu et du merlan. Les valeurs obtenues pour 2022/2023 seront confrontées avec celles des mêmes proies pour la période 2002/08 (Spitz et al. 2010; Spitz & Jouma’a 2013) afin de déterminer d’éventuelles variations au cours du temps.

Méthodologie

Des prélèvements des différentes proies identifiées dans les estomacs de merlus et merlans seront effectués lors de la campagne scientifique EVHOE 2023 dans le golfe de Gascogne et la mer Celtique. Ces proies ont été déterminées à partir des données des projets FFP EATME et DREAM mais également à partir de la ‘stomach content database’ générée par le CEFAS en Angleterre. Une vingtaine d’espèces de poissons et de crustacés composent le régime alimentaire de ces 2 prédateurs.

Les proies seront ensuite débarquées au Laboratoire de Technologie et Biologie Halieutique de Lorient, où les spécimens seront pesés puis broyés en vue de leur analyse par le laboratoire accrédité Labocea. Les analyses porteront sur le poids sec, la quantité de cendre, la teneur en lipides et protéines ainsi que sur la quantité d’énergie des proies. Pour chaque espèce de proies, plusieurs réplicas seront réalisés en suivant le protocole développé par Spitz et al. (2010). Un total de 100 échantillons seront analysés si les prélèvements faits en mer le permettent.

Résultats

Une fois les résultats du laboratoire obtenus, nous comparerons les valeurs de la présente période avec celles des années 2000 pour détecter d’éventuelles variations au cours du temps. Une diminution de certains paramètres comme la teneur en lipides ou en protéines des proies poissons pourrait expliquer l’amaigrissement des merlus et merlans. De la même façon, si des apports nutritionnels moindres sont détectés pour les crustacés, le changement de régime alimentaire observé dans les contenus stomacaux pourrait expliquer les diminutions de poids observés.

Thématique du projet

Connaissance des ressources et des écosystèmes

Statut du projet

Terminé : 01/10/2023 - 30/09/2024

Porteur du projet

CDPMEM FinistèreCDPMEM Finistère

Partenaire

IFREMERIFREMER

Financeur

France Filière PêcheFrance Filière Pêche